Allez, Ev, tu peux y arriver.
Cette phrase, Maeva se la répétait depuis que ses parents l'avaient laissée dans son train pour la Suisse, la veille. Elle avait passé des heures avant d'arriver dans la grande ville la plus proche de son nouvel établissement et avait dû prendre pas moins de deux bus avant d'arriver devant l'académie.
Le bâtiment valait le détour, assurément, mais la multitude de sentiments qui l'assaillirent dès qu'elle franchit les grilles n'était pas exactement ce qu'elle recherchait.
Allez, Ev, tu peux y arriver.
Traînant ses valises à bout de bras, elle escalada l'escalier qui menait à sa chambre. Elle s'arrêta finalement devant la porte de la chambre numéro neuf, ornée par une plaque avec son nom et celui de sa camarade de chambre.
La Parisienne poussa la porte et se retrouva face à une adolescente aux cheveux roses et aux yeux vairons. Comme promis, les choses n'allaient pas être banales ici. Elle prit quelques secondes pour observer la chambre et se couper de sa camarade avant de lui adresser la parole.

Ma camarade de chambre me dit que son nom était Yukionna, mais que je devais plutôt l'appeler Yuki. Lorqu'elle me proposa de m'aider à ranger mes affaires, je fis non de la tête. Je n'aimais pas que les autres tripotent mes affaires, même quand les "autres" en question avaient l'air aussi sympathiques que Yuki. Je posai ma valise et mon sac à dos sur un lit et ouvris ladite valise. Pliant attentivement mes vêtements, je commençai à bombarder la jeune fille aux cheveux roses de questions.

Deux ans, alors. Je pourrai probablement compter sur elle lorsque j'aurai des questions sur l'établissement. Encore fallait-il qu'il y ait des questions à poser.

Yukionna venait de demander à Maeva quels étaient ses pouvoirs lorsqu'un élan de tristesse parvint à briser ses barrières. Quelqu'un de pas vraiment heureux arrivait.
La porte s'ouvrit sur une jolie rousse plutôt mince au bord des larmes, qui buta sur son "bonjour". Je poussai ma valise et forçai..Amelia à s'asseoir sur mon lit, tentant de trouver des mots réconfortants.

Amelia niait qu'il y avait un problème. Maeva ne put s'empêcher de pousser un léger soupir intérieur. Pourquoi tous les gens étaient-ils ainsi ? Pourquoi cherchaient-ils tous à cacher leurs problèmes, refusant d'en parler ? Elle l'avait fait, elle aussi, certes. Mais elle n'avait personne de confiance à qui en parler. Elle n'avait jamais eu personne.

Amelia ne voulait pas en parler, évidemment. A quoi pouvait bien servir mon pouvoir si personne ne me laissait le soutenir dans ses difficultés, hein ?