Someone new is here.

feat. Llywen Olcyn

Les vacances approchaient de leur fin. Il restait certes une vingtaine de jours, un peu moins, même, avant la reprise des cours. Les résultats des examens avaient été annoncés quelques jours plus tôt ; je passais au niveau supérieur, tout comme ma chère Mogi, qui refusait de me parler depuis les événements qui m'avaient amenée à changer de chambre.
Ma tristesse première était devenue rage, puis tout s'était effacé. Je savais que je l'aimais toujours. Je le sentais, du plus profond de mon être. Et je lui avais pardonné de ne pas me le rendre.
J'avais toujours trouvé gnangnan ces descriptions de l'amour, comme quoi on serait prêt à tout pour quelqu'un qu'on aime vraiment. Maintenant, je sais que c'est quelque chose que l'on peut croire uniquement quand on l'a vécu. Je pourrais tuer pour elle, si elle le souhaitait. Sans rien attendre en retour. Même si je garde espoir. Toujours.
Mes futurs camarades de classe étaient majoritairement des inconnus. Je ne connaissais pas tant de monde que ça, dans l'établissement, après tout... En plus, presque toute mon ancienne classe avait raté ses examens, ce qui ne m'aidait pas vraiment.
J'espérais qu'ils seraient sympas. Suffisamment de gens sympas pour me permettre de me focaliser sur autre chose que Mogi, en cours...
J'étais donc allongée sur mon lit, fixant le plafond en réfléchissant à toutes ces histoires, quand la porte s'ouvrit. Pensant que c'était juste Yukionna qui entrait, je ne réagis que quand une voix inconnue m'interpella. Une nouvelle camarade de chambre. Llywen.
Je me relevai pour poser mes yeux sur la jeune fille. Une fille de mon âge, peut-être un peu plus vieille, aux cheveux roux parfaitement splendides. Je restai admirative face à l'orange flamboyant qui cascadait sur ses épaules pendant presque une minute, oubliant qu'elle m'avait parlé. Ses yeux, d'un vert qui n'avait pas l'air si naturel, tellement il était...vert, étaient eux aussi sublimes. Je me ressaisis finalement et répondis, essayant de sourire sans avoir l'air trop peu naturelle.

«Moi, c'est Amelia. Amelia Dunn. Tu... Tu viens d'arriver ? demandai-je, même si je savais que cette question était plutôt stupide.»

© Ange's Donbell

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feat. Llywen Olcyn

La jeune fille expliqua rapidement qu'elle avait déjà fait le tour. Je fis un léger mouvement de tête, presque imperceptible, comme réflexe pour dire que j'avais compris - stupide -, puis elle me demanda quels lits étaient pris. Ouais, ça pourrait lui servir. Pas vraiment dans mon assiette, je pris quelques secondes pour me rappeler où Yukionna était habituellement installée. Tout le monde ne pouvait pas avoir une mémoire infinie, après tout...
Je lui répondis avec un sourire sympathique qui me vint instantanément ; la jeune fille m'inspirait confiance, pour je ne savais quelle réponse.

«Le lit sur lequel je suis assise, évidemment, et l'autre lit du haut sont occupés, là. Donc il te reste à choisir entre les deux du bas, évidemment. Tu veux un coup de main, pour ranger tes affaires ? Oh, et t'es en quelle classe, au fait ?»

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feat. Llywen Olcyn

Llywen répondit à chacune de mes questions, sans avoir l'air gênée par leur nombre. Que ma première tentative amicale depuis des mois ne soit pas renvoyée haineusement faisait plaisir, en toute honnêteté. J'étais de bonne humeur.
Je descendis l'échelle prudemment - ce qui était, d'ailleurs, rarement le cas de Yukionna - et attrapai un élastique sur la table que je m'étais appropriée - l'avantage d'être à deux était que nous pouvions vraiment nous étaler ; j'allais devoir débarrasser tout ça, peut-être. Je me fis une queue-de-cheval rapidement, espérant ne pas avoir fait trop attendre ma camarade, avant de la rejoindre et de répondre à la question qu'elle avait posées.

«Ouais, je suis en Deuxième Année Spade. Du coup, on sera plus ou moins dans la même classe. En deuxième et troisième année, les Diamond et les Spade sont ensemble. L'effectif des classes a tendance à être moins élevé dans ces niveaux, je crois. Ou alors l'administration fait encore n'importe quoi. Ça m'étonnerait même pas. Oh, et je squatte cette armoire-là et Yuki' a pris l'autre, là, ajoutai-je en désignant deux armoires. Tu peux prendre celle que tu veux parmi les deux qui restent.»

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Nous commençâmes à transporter ses affaires dans l'armoire qu'elle avait choisie. Beaucoup plus méticuleuse qu'elle, je pliai proprement chaque vêtement avant de le ranger, même ceux qu'elle avait déjà entassés. Elle n'en avait pas beaucoup ; ça m'accélérait mon travail et bon, il y avait des gens sortis de la rue, dans cette école, qui n'avaient, à la base, rien à se mettre sur le dos. Un nombre assez peu élevé de vêtements, ce n'était pas si étrange, ici. Elle recommença ensuite à parler. Je me tournai vers elle pendant qu'elle continuait sa réplique, tentant d'empêcher mes pommettes de rosir légèrement lorsqu'elle demanda si elle pouvait m'appeler Amy. Personne ne m'avait jamais attribué de surnom. Une fois ladite réplique finie, elle se toucha le cou. Je ne relevai pas. Une année à Academy of Dead Roses, ça faisait quelque chose à votre manière de vous comporter. J'avais appris à ne pas faire attention à des détails comme des tics ou autres gestes sans signification apparente et surtout, je savais qu'il ne fallait pas être trop curieux.

«Ouais, tu peux m'appeler Amy... répondis-je, sourire aux lèvres. Et bon, moi, j'ai beaucoup de bazar parce que je garde toujours tout ce qui a un lien émotionnel sur moi et je suis beaucoup trop prévoyante. J'emporte toujours plus de choses que nécessaire. J'ai donc plus que nécessaire dans la vie quotidienne.»

© Ange's Donbell

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Une fois tous les vêtements rangés et pliés - à la fin, voyant que je faisais totalement la deuxième partie du boulot, ma camarade avait tenté de me donner un coup de main -, Llywen me remercia, avant de dire qu'elle comptait remplir un peu sa garde-robe dès que possible et de me demander si, une fois que ses cheveux auraient repoussé, elle pourrait m'emprunter mes élastiques. Je me dirigeai vers mon bureau, histoire de trier ce qui devrait y rester et ce qui serait peut-être mieux dans mon armoire, avant de répondre. Ma camarade de chambre me faisait me sentir à l'aise. Pour être honnête, personne ne m'avait jamais fait sentir aussi bien dès notre première discussion. Personne. Même pas Mogi.

«Je pourrai t'emmener, si tu veux. C'est toujours plus sympa de pas être seule. Et pour les élastiques, ça ne me pose aucun problème. En tous cas, je n'en vois aucun pour l'instant.»

© Ange's Donbell

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feat. Llywen Olcyn

Llywen alla ranger des trucs à la salle de bains. Une fois la jeune fille hors de mon champ de vision, je retombai immédiatement sur Terre. Cette fille était géniale. Trop géniale. Soit juste trop géniale pour être mon amie, comme toutes les personnes que j'avais connues, soit trop géniale tout court. Trop géniale pour qu'il n'y ait pas un quelconque problème quelque part.
Je secouai la tête. Non, ça ne devait pas être ça. Oh, Amy, Amy, Amy. Pourquoi ne pouvais-tu pas apprécier ce qu'on t'offrait, sans y chercher des problèmes ? Pourquoi ne pouvais-tu pas juste être tout simplement heureuse ?
Ma camarade revint et s'assit sur son lit avant de me répondre. Une fois sa réplique finie, elle me sourit. Le genre de sourire qui fait indescriptiblement chaud au cœur. Le genre de sourire qui me permettait de dire que j'étais stupide d'imaginer que je ne pouvais pas lui faire confiance.

«Bah, le plus simple sera d'y aller avant la reprise des cours. On ne peut pas sortir en ville, en semaine, du coup il y a beaucoup plus de pression le week-end, alors qu'en ce moment, on sort quand on veut, du moment qu'on est rentré pour le couvre-feu.»

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feat. Llywen Olcyn

Llywen s'allongea sur son lit, sans répondre immédiatement. Après quelques minutes de flottement pendant lesquelles mon esprit s'amusa à lister toutes les raisons pour lesquelles j'étais inutile et détestable et qui faisaient que les gens n'en avaient régulièrement rien à faire de moi. Ladite liste se contenta de disparaître de mon esprit quand ma camarade daigna répondre à ma phrase. Le pire, là-dedans, était peut-être que j'étais incapable de blâmer les autres quand ils ne me répondaient pas. A mes yeux, si quelqu'un me traitait comme une merde, c'était parce que j'étais une merde et que je le méritais, et même en avoir conscience ne m'aidait pas. J'étais stupide et incapable d'y faire quoi que ce soit.

«Je suis dispo tout le temps, je crois. Et si j'ai quelque chose de prévu, ce n'est rien que je ne peux pas déplacer. Donc quand tu veux y aller, tu me préviens et on y va... Enfin, essaye de prévenir un peu à l'avance quand même. Au cas-où.»

© Ange's Donbell