Solitude.
Depuis tant d'années.
Elle voulait sortir d'ici.
Sa propre création a pris la place qui lui revient de droit.
Combien de temps est-elle ici ?
Elle ne sait plus.
Couchée sur le dos, Elle essaie de se remémorer.
Sa mémoire lui fait défaut.
Oui, Elle se souvient.
Il y a un siècle, elle mêlait cris et sanglots de démence.
Il y a quelques temps, on lui a promis de la faire sortir d'ici ; sans succès.
Ça ne l'étonne pas. Trop faible, trop mortelle.
Une lumière brille.
Elle tend la main.
Un sourire béat se dessine lentement sur son visage, ses yeux deviennent joueurs.
Elle essaie d'attraper cette lueur ; Elle ne réussit pas.
Elle voudrait lui dire de descendre, mais sait-elle toujours parler ?
Elle ne sait plus.
Elle ouvre la bouche.
Prononce un murmure :
« Je peux venir avec toi ? Emmène-moi, s'il te plaît ! »
Elle pouffa. L'idée de sortir d'ici était tellement géniale !
Pourtant, rien.
« Emmène-moi, répéta-t-Elle d'une voix plus forte. S'il te plaît ! »
Aucune réponse. La lueur continua d'émettre sa douce lumière sur son visage d’enfant.
« Allez, viens ! »
Le silence lui répondit.
Le sourire s'évanouit.
« Emmène-moi, finit-Elle par crier, qui se leva d'un bond. »
Sa voix résonna en écho.
Elle baissa les yeux vers le sol, sentit ses pieds se mouiller.
C’était liquide. De l’eau, non ? Mais pas que.
Elle vit quelqu’un, qui la regardait elle aussi.
Elle avait les cheveux d’un joli rose, et ses yeux avaient... Deux couleurs.
Le droit était d’un doux rouge, tandis que le gauche était jaune.
Elle penche la tête.
Est-ce que c’est ce qu’on appelle « une personne » ?
Elle ne sait plus.
Avait-elle vu d’autres comme elle ?
Cris, pleurs, mots, solitude.
Oui.
Elle agite la main, « la personne » fait de même.
Elle se touche le front, « la personne » l’imite.
« Mais en fait, tu es quelqu’un qui est chargé de nous imiter, hein ? Tu es... Tu es un « reflet » ! C’est trop cool ! »
En réponse, elle ne reçut qu’une bouche qui s’ouvrait et se fermait.
Un sourire. Elle n’était plus seu...
Une présence.
Volte-face. Une « vraie personne ».
Elle la connaissait.
L’intrigante lui adressa des mots, avec un sourire aux lèvres.
« Tu te souviens de moi, hein ? Tu es ma petite sœur amnésique. Je m’appelle Asagiri. »
Asagiri...
Ce nom.
Elle ne put s’empêcher de frémir.
Quelque chose de bizarre l’envahit.
Cette fille aux cheveux et yeux d’un rouge lui évoquant quelque chose lui faisait peur.
Elle avait peur.
Elle recula d’un pas, son sourire s’évanouit.
« Mais... Je ne vous connais pas... »
Asagiri s’approcha.
Finalement, la fille rouge la prit dans ses bras.
Cela reflétait que du bon, de la gentillesse.
Pourtant... Elle n’arriva pas à lui rendre.
Elle ne savait pas faire, alors Elle se contenta de l’étreindre.
« Tu es amnésique... Tu as perdu la mémoire... Cela fait longtemps, tellement longtemps, petite sœur, que je cherchais un moyen de t’en... t’emmener avec moi... Que tu puisses toi aussi avoir une vie comme toutes les autres petites filles... J’ai trouvé ce moyen... »
Elle ne comprenait pas.
Amnésique ?
La lumière s’intensifia.
Elle veut sortir.
« Pourquoi je suis restée autant de temps ici ? »
Demanda Elle, en plongeant ses yeux dans ceux de sa « sœur ».
« Tu cauchemardais. Tu parlais toute seule. Parfois tu te réveillais... Pas plus d’une minute... Et tu faisais des crises de folie... Mais c’est fini maintenant, ma sœur adorée. C’est fini. »
Pourquoi Elle ?
Pourquoi sourit Asagiri ?
« Pourquoi moi ? Pourquoi toi tu n’y as pas eu le droit ? Pourquoi c’est moi la victime, qui a été enfermée ici ? Pourquoi tu n’as pas été avec moi ? »
Cracha Elle, se libérant de l’étreinte de sa sœur.
Asagiri fit la moue, mais son sourire était toujours le même.
« Parce que dans tes crises, tu me faisais du mal... Et tu n’étais pas enfermée... Il y avait la brèche, qui t’aidait... »
Pourtant, Elle ne se souvient de rien.
Elle serra les poings, animé par une force nouvelle.
« C’est faux ! Je ne me souviens de rien ! Je... Me souviens... De mes crises... Mais tu n’as jamais... Eté là ! Pourquoi, tu te pointes, maintenant, avec un sourire stupide aux lèvres ? Tu me MENS ! Va-t-en ! »
Asagiri se dégagea de l’étreinte, avant de sourire de nouveau.
« S’il te plaît, calme-toi. J’ai toujours été là pour toi... . Mais tu me rejetais... Je ne suis plus qu’une inconnue pour moi, alors que moi je t’aimais de tout mon cœur, j’ai tellement fait de sacrifices pour toi... Ça me fait vraiment de la peine, tu sais... Allez, viens, que je te montre mon cadeau. »
La fille rouge lui prit sa main.
Elle se détendit, avant de jeter un regard emplit de reconnaissance à sa grande sœur.
La force inconnue était partie.
Asagiri la mena vers une partie de l’endroit.
Elle découvrit avec surprise un petit plat rose en forme de cœur.
Un gâteau !
Elle prit de ses mains une part, avant de l’enfourner dans sa bouche.
Quel mélange délicieux de saveurs !
Elle jeta un regard distrait à son reflet, un sourire heureux aux lèvres.
Derrière, sa sœur faisait une tête épouvantable.
Asagiri brandissait vers sa sœur quelque chose qu’Elle connait.
Son précieux sabre Chizakura.
Et tout se passa très vite.
En une fraction de seconde, Asagiri, teintait l’eau translucide d’un magnifique rouge écarlate, transpercée par la lame.
Elle avait changé.
Elle avait grandi, avait accepté cette force inconnue.
La petite fille innocente avait laissé place à une Chose.
Qui s’approcha du corps sans vie de sa pitoyable création.
Qui arracha d’un coup sec sa précieuse.
Leva les yeux vers la lumière.
Quitta l’asile.


Je me réveillai en sursaut, cette nuit-là. J'avais fait un rêve, je crois. Je ne m'en souviens plus. Je tentai de me rendormir, plusieurs fois, avant d'abandonner. C'est pas grave, de toute façon, je n'ai pas besoin de sommeil, mais néanmoins, j'avais froid.
Je me dirigeai vers la salle commune, en silence: la cheminée est allumée. Je me posai dans le fauteuil le plus près du feu, histoire de me réchauffer. Je restai comme ça, pendant deux bonnes minutes, quand je sentis une présence derrière moi; par réflexe, je me retournai. Il y avait bien quelqu'un.

(c) Codage par Asmareth pour Never Utopia

Une fille. C'était une fille. Je la regardai. Les cheveux blonds, avec des mèches vertes, de grands yeux marrons, avec l'iris en fente. Elle me salua. Je mis un certain temps avant de répondre, je sentais que ma voix était cassée, quelque chose appuyait sur ma gorge.

Bonsoir...

Je savais ce qui allait se passer après, c'était devenu tellement prévisible.

(c) Codage par Asmareth pour Never Utopia