Mercredi après-midi. Quel jour magnifique, ce qui change en automne ! Aha, quelle ironie palpable...
Je regardais la pluie tomber à travers une fenêtre de la salle de Nécromancie. Amelia m'y avait donné rendez-vous, mais elle ne m'a pas précisé la raison. Malgré tout, j'y suis allée, malgré mes deux dernières nuits d'insomnie.
En parlant d'insomnie, elles sont encore là, ces trois filles. Je ne pense plus qu'il s'agit d'un hasard si je les vois à chaque rêve que je fais. Elle me veulent quelque chose. Peut-être d'autre Misato qui se sont rebellées après moi ? Non. Alors, pourquoi Rouge frapperai Verte, à chaque fois ?
Non, non. Elles ont un caractère trop différent les unes des autres. Et puis, l'autre dans le miroir est encore là. A mon avis, soit je fais des hallucinations, soit elle est là... Mais je suis sûre qu'elle est en lien avec les filles de mon rêve. J'en suis convaincue.

J'entends la porte de la salle claquer. Par réflexe, je me tourne. Mon amie -ou ma meilleure amie, je ne sais pas- était arrivée. Je souris.

 

▬ Amelia ! Ça fait six siècles que j'attends !

Je me retiens d'en ajouter davantage. La tête de la jeune fille rousse est bizarre, inqualifiable, mais pourtant, mon sourire ne faillit pas.
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Amelia me murmura un "Hey" à peine audible. Je fronçai les sourcils. Cette fois-ci, je ne fis pas comme si rien ne se passait. Car il se passait quelque chose. Je devais savoir.

 

▬ Amelia... Tu vas bien ? Tu as l'air... Toute bizarre.

J'avançai un pas vers elle.
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Je n'étais pas convaincue. Du tout. Et je détestais être dans la plus pure ignorance. Je soupirai intérieurement. Amelia avait quelque chose d'important à me dire, vu qu'elle m'avait réunie ici, sachant que cette salle est tout le temps déserte, donc elle ne voulait pas que d'autres personnes soient au courant. Je lui fis, en posant mes mains sur mes hanches:

 

▬ Non, je ne vais pas bien, car tu ne me dis pas tout. Qu'est ce qu'il y a, bon sang ? Et je te rappelle que c'est toi qui m'a faite venir ici !

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Je fronçai les sourcils. Quelque chose me disait que Amelia était en train de me mentir, pour me masquer la vérité. Me demander quelque chose ? Ce n'était pas crédible. Je lui fis donc, d'un ton calme:

 

▬ Tu mens, Amelia... Il y a autre chose.

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Amelia finit par prononcer la vérité. "Je t'aime."
Moi aussi, je t'aime Amelia, mais...
D'accord. C'est en amour.
Je pense que si c'était en amitié, il ne lui aurait fallu tout ce temps pour me le dire. Largement. Donc.... Elle m'aime en amour pur et simple. Eh bien, je déteste l'amour pur et simple.
Je ne sais pas quoi répondre. Cela ne me pose pas de problème si ma partenaire d'amour est une femme, mais... Mais je la voyais en meilleure amie. Je voulus lui dire, avant de m'abstenir. Cela lui ferait plus de mal qu'autre chose, et c'est sur que je la perdrai. Friendzone.
Sérieusement, je ne sais pas quoi répondre. Je reste longuement hébétée, comme ça, à ne rien dire, cherchant mes mots. En vain. J'aurais bien voulu me téléporter, loin d'ici. J'en ai le pouvoir. Mais cela revient à perdre Amelia.
Je finis donc par prononcer deux maigres mots. Autant demander une précision, non ?

 

▬ En.. amour ?

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D'accord. C'était sûr et certain. J'en avais les jambes coupées.
Ma respiration se bloqua, et une question se posa. Est ce que je l'aimais, moi aussi ?
Non. Si, un peu. Non, pas dans ce sens. Si, avoues que ta vie s'illumine quand Amelia te voit et te parle. Non, c'est faux. Ce n'est pas rationnel, je ne peux pas être attirée par elle. Il y a des spécimens bien plus intéressants ici.
Non, je ne l'aime pas, Oui je l'aime un peu.
Je finis par faire, navrée:

 

▬ Je... Ne sais pas, Amelia. Je ne suis jamais tombée amoureuse de quelqu'un. J'aurais bien aimé avoir le pouvoir de manipuler les sentiments, et de les effacer, ou de les créer. Pour éviter de faire du mal aux gens que j'aime.

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Aime moi.
Cette phrase résonna comme un écho dans ma tête, pour une mystérieuse raison. Aucune de ses autres phrases avait eu la même sonorité. Jamais.
Et puis, je sentis mon coeur battre à la chamane, ma respiration reprendre avec un rythme plus rapide. Je ne savais pas, je ne voulais plus savoir. Peut-être que je l'aime, moi aussi.
Non. Si, si, je l'aime. Ca me semble évident.
Non.
Oui ?
J'isolai cette voix contradictoire dans ma tête, et je ne voulais pas savoir qui me parlait. Je l'aime, point final. Je finis par lâcher ces mots:

 

▬ Je... Oui. Je t'aime, Amelia.

Je retins le "si tu y tiens tant" que je voulus prononcer.
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Amelia me demanda si c'était pour de vrai. Elle n'était pas convaincue ? Cela me semblait clair, je l'aimais... Oui, je l'aimais. Je ne savais pas pourquoi elle doutait comme ça, et je voulus lui chasser ce doute de sa tête. Je lui rendis son sourire.

 

▬ Oui.

Je me retins d'ajouter un "mon coeur bat pour toi", trop poétique à mon goût.
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