J'étais en train de lire un bouquin dans la salle de DOCE, et à cette heure-ci, il n'y avait personne. Ou presque. Par exemple... Des gens comme moi. Sauf que moi, je préfère être dehors, mais il fait trop frisquet, et j'ai aucun vêtement chaud à me mettre. Donc, pour éviter une crise de claustrophobie, j'ai ouvert toutes les fenêtres. Bon, okay, j'ai un peu froid.
  J'étais à la moitié de mon livre quand la porte s'ouvrit en un fracassement sourd. C'était Yasiona, une de mes camarades de classe qui ne m'apprécie pas trop.

«Yasiona.»
 

  Yasiona avait l'air de ne pas être super heureuse de me parler, et même de me voir. Qu'est ce que j'ai encore fait, cette fois-ci ? Et puis, je me souviens qu'elle s'entendait bien avec Minami Aqua, une fille contente d'avoir pu manipuler quelques dragons de la mer. D'un geste, je l'invite à s'assoir près de moi, mais assez loin pour qu'elle ne puisse pas m'étrangler. Je sais qu'elle est gentille cette chère Yasiona, mais je suis parano.

« Je parie que tu veux me parler de ta pote Minami, hein ? »lui fis-je.
 

  J'en étais sûre. Je me lève, me rapproche de la fenêtre ouverte la plus proche, et je lui fis tout en mettant mes bras sur le revers de la fenêtre, à scruter l'extérieur:
« Pourquoi je lui ai dit ça ? Je suis... J'en ai contrôlé plus qu'elle, bien plus. De dragons, hein. »
Et je m'approche de l'ange et sur mes lèvres se dessine un sourire carnassier.
« Car je suis un dragon. Un grand dragon d'eau, et écailles et en os. »
 

  Je soupire. J'aurais dû m'en douter. Qu'elle voudrait une preuve. Eh bien, j'en ai une. Je fouille dans mes poches à la recherche d'un bout de papier, j'en sors un à la taille d'un timbre poste, et je souffle dessus. Bien sûr, je crache du feu, ce qui carbonise le papier.  

« Ok. Tu vas me dire, je suis peut-être une sorte d'élémentaliste... »
Je transforme ma main humaine en ma main sous forme naturelle (main de dragon, donc) et je saisis le bras gauche de Yasiona.
 

  Je soupire. Pourquoi me posait-elle cette question ?

«Eh bien, parce que je suis vieille et très soupe au lait, vois-tu. Et je m'aime telle que je suis, alors pourquoi changer ? Et je ne vais pas non plus crier à toute la classe, à tout le monde entier que je suis un dragon non plus ! Surtout un dragon de ce rang-là...»
 

  Et elle me plante là, comme ça, et elle s'en va avant que je puisse rappliquer quelque chose.
Je retransforme ma main de dragon en ma main humaine, je regarde l'heure. Je décide de fermer les fenêtres et de m'en aller, tout bonnement, et c'est bientôt l'heure du petit déjeuner. Chouette, je meurs de faim. Je meurs tout le temps de faim, avec mon appétit de dragon plus la transformation ça gâche pas mal d'énergie, tout de même.