Rosa et moi amenâmes Alice à l'infirmerie. Nous l'étendîmes sur un des lits et attendîmes l'infirmière. Azaye arriva, à peu près au moment où ma camarade de chambre m'interrogea sur ma connaissance des raisons d'Alice.

Aucune idée. Elle... était pas en super, super forme, ces jours-ci, mais Azaye et moi, on pensait que c'était juste les exams... Mais là, il doit y avoir nettement plus, si elle en est à...une tentative de suicide ? Je peux peut-être...Aller voir si elle n'a pas planqué quelque chose dans ses affaires ?

Je fronçai les sourcils à l'évocation du terme "suicidaire". C'était absolument pas le genre d'Alice. Elle avait toujours dit que le suicide était quelque chose d'assez stupide, un délire d'ados pseudo-dépressifs (et de vrais dépressifs, auquel cas ça n'était peut-être pas si stupide).

Je serais toi, j'utiliserais pas ce genre de terme pour causer d'Alice. Elle est plutôt contre le suicide, à la base, et c'est pas parce qu'elle a pété un câble que j'emploierais un mot pareil pour causer d'elle. Et bon, je vais certes planquer tout ce qui pourrait l'aider à réessayer, mais je vais aussi essayer de trouver des raisons...

Je sortis de la pièce sans rien ajouter, souriant faiblement à Azaye.

Après avoir fouillé les affaires d'Alice, je revins à l'infirmerie, le visage fermé. J'avais trouvé quelque chose.

Je... J'ai trouvé une lettre. De sa mère.

Sans ajouter un mot, je leur fis signe de venir lire derrière mon épaule.

Bonjour Alice !
Je suis désolée de donner aussi peu de nouvelles, mais l'état de ton père se détériore de jour en jour. Sa "folie" n'est pas le point le plus dérangeant, à l'heure actuelle. J'hésite sur comment le prendre... [...]

Je décrochai à cet instant. Bordel, c'était évident. L'état du père d'Alice était quelque chose qui la perturbait vraiment. Pourquoi n'y avais-je pas pensé plus tôt ?

Je parcourus rapidement le reste de la lettre des yeux.

Oh, pas grand-chose. Elle dit que des gens vont bien, demande des nouvelles, ce genre de choses. Rien d'inquiétant. Et avant que tu demandes, non, je n'ai rien trouvé d'autre. Pas de journal intime planqué sous le matelas ni rien dans le genre.