J'étais en retard pour le déjeuner.
Ayant passé la matinée à reprendre mon travail sur Vailin, prenant des notes de tout ce que je savais sur leur culture, évoqué ou non avec les filles, avec juste mes souvenirs des questions que nous avions posées, par-ci par-là, de quelques visions plus ou moins lointaines et quelques documents récupérés sur place ; des cartes et des photographies que j'avais imprimées à l'aide de l'ordinateur d'une Invisible qui avait accepté de le prêter et de l'imprimante antique qui traînait dans la salle où se réunissaient habituellement les Invisibles, ainsi que quelques représentations de lieux que je n'avais pas visité. Je voulais être bien sûre de ce qui attendrait tout le monde une fois installés sur Vailin ou sur sa planète voisine, restée inexplorée. J'avais demandé à la seule personne mise au courant de notre future arrivée, qui avait dû mettre entre-temps quelques autres personnes haut placé dans la confidence, de faire des recherches sur les divers matériaux et ressources disponibles sur la planète, ainsi que sur sa géographie, son climat et les animaux et plantes qui s'y trouvaient. Même si j'étais à peu près sûre qu'on pouvait s'y installer sans grand danger, je tenais à ce que des vérifications soient faites. J'avais eu l'idée de ce plan et je ne pouvais pas décemment guider des milliards de personnes à une mort certaine.
Captivée dans mes notes, pensant d'ailleurs au fait qu'un voyage supplémentaire, rien que pour récupérer les documents qu'on devrait pouvoir nous fournir, maintenant, serait nécessaire, je n'avais pas vu le temps passer et j'arrivai donc au réfectoire alors que les premiers élèves arrivés avaient commencé à manger une trentaine de minutes plus tôt - certains avaient même déjà fini.
Le lieu était beaucoup trop silencieux. Je compris pourquoi en voyant un gamin, debout dans l'entrée, manifestement mal à l'aise. Sa valise permettait de deviner qu'il était nouveau, et la surprise des autres était peut-être dû au félidé qui le suivait, une espèce de lion blanc qui devrait m'arriver à peu près mi-cuisse. OK.
Je décidai de venir au secours du gosse - bon, OK, il était probablement à peine plus jeune que moi, mais bon.

❝ ▬ Hey, ça va ? lançai-je en attrapant un plateau avec un sourire compatissant, espérant qu'il ait l'excellente idée de m'imiter. Pose ta valise dans le coin, peut-être. ❞