Tsukiko n'était pas dupe. C'était la deuxième fois que cela m'arrivait. La première, c'était avec Llywen Olcyn. Seulement, cette dernière était l'être vivant le plus intelligent de l'existence, elle avait une aura propre, une façon se de comporter différente de celle des autres. Tsukiko, elle, certes était spéciale à sa manière, mais pas de la même façon que ma meilleure amie, encore heureux d'ailleurs. C'était un de ses pouvoirs, de discerner les mensonges ?

Un charlatant normal aurait peut-être été déstabilisé que l'on voit dans son jeu de cette façon. Mais cela fait longtemps que j'ai oublié ce sentiment.

Un sourire se forme sur mes lèvres. Ce sourire. Mon sourire, le sourire que j'arbore quand je suis moi. Quand je ne joue plus. Ironiquement, Tsukiko ne peut pas le voir, mais cela ne fait rien. Personne d'autre ne peut voir cette scène, nous sommes arrivés au troisième étage. Je finis par lui répondre d'un air que je peux définir:

▬ La partie sur mes parents est vraie.

Tsukiko me répondit avec une voix calme qu'elle n'aimait pas que les gens mentent comme je le fais, ce qui est logique pour quelqu'un de normalement constitué. Je lui répondis d'un ton serein, tellement serein que c'en est rare, même pour moi:

▬ Tout le monde ment. Le reste dépend de tes intentions de départ, de pourquoi on le fait.

Tsukiko commençait à s'énerver, et j'étais plus en train de m'en faire une ennemi qu'autre chose. Elle voulait juste savoir mon passé, rien de plus, ni de moins. Je soupirai intérieurement avant de lui répondre une fois de plus:

▬ A huit ans, les envahisseurs ont tué toute ma famille devant mes yeux. Puis ils me kidnappèrent, et m'emmenèrent dans un centre, non, une prison, où on faisait des tests sur des humains, nous étions une vingtaine. On nous y injectait des drogues, des médicaments, j'y étais modifié, testé. Les autres enfants mouraient les uns après les autres, jusqu'à ce que je sois le dernier en vie. J'ai décidé de m'échapper, je suis allé d'orphelinat en orphelinat, et puis, il y a un an, je débarquai à Academy. Ça te convient ?

Après avoir entendu le résumé de ma vie, Tsukiko s'excusa de ce qu'elle avait fait. Je souris une fois de plus, bien que ne pouvait pas me voir. Les personnes étaient toutes pareilles. Elles regrettent les choses qu'elles font si facilement... Je finis par lui dire:

▬ Ça ne me fait rien, ne t'inquiète pas.

Tsukiko tourna la tête, et semblait être plus gênée qu'autre chose. Elle venait de prendre du recul sur ses actes passés il y a quelques minutes, et elle en a honte ? N'importe qui aurait agi de cette façon. Cela ne m'a rien fait. Elle me demanda si je pouvais l'emmener dans sa chambre. Je lui répondis:

▬ Je veux bien, oui. Mais je ne suis pas sûr de pouvoir entrer dans la Tour Est, étant donné que je suis un garçon, mais je peux au moins te guider jusqu'à l'entrée. Ah, et aussi, tâche de garder secret ce que tu sais de moi, s'il te plaît.

Tsukiko accepta de garder le secret. De toute façon, elle n'avait pas le choix, si elle avait refusé, je lui aurai forcé la main à ma manière. Elle décida d'aller envoyer balader le règlement d'Academy pour l'histoire des chambres. J'aime ça. Je ris un peu, avant de lui répondre:

▬ C'est ton premier jour à Academy, et tu fais déjà ta rebelle, c'est un exemple à suivre ! Je suis partant.

Les lèvres de Tsukiko formèrent un sourire un peu trop triste à mon goût, suite à mon rire. Des larmes se mirent à perler peu de temps après, m'intriguant un peu trop. Je lui avais rappelé quelque chose. Ah, je viens de comprendre. Les personnes de son passé mortes dans le test étaient ses ami(e)s. Peut-être même qu'elle était amoureuse de l'un(e) d'eux. Et mon rire lui a rappelé ses ami(e)s, ou celui/celle qu'elle aimait. Ça se tient. Je finis par dire:

▬ Tu pleures.

Tsukiko m'informa que cela n'avait rien à voir avec moi -j'avais facilement deviné, merci- et m'envoya donc gentiment bouler avant de m'annoncer son souhait de passer à autre chose. Je commençai alors à nous guider vers les escaliers, avant que je lui réponde:

▬ Si tu veux. Bon, du coup, on y va, à cette fameuse tour ?