Moments intéressants, bonjour.

Iprès m'avoir invitée à prendre sa main, ce que je fis, Kaoru me demanda enfin l'objet que je tenais au creux de ma main libre. Je lui répondis:

You need hundred, I need five.

Moments intéressants, bonjour.

Kaoru en déduit que je ne venais pas de cet univers-là. J'allumai l'écran de mon appareil, qui affichait à présent une interface codée que moi seule devait comprendre, c'est triste. Je répondis au double maléfique de Yukionna:

You need hundred, I need five.

Moments intéressants, bonjour.

Kaoru me répondit que ce n'était pas bien grave si je lui avais spoilé le fait que je venais d'un autre univers. De toute façon, je n'aurai pas eu le choix, et il l'aurait bien su plus tard. Je souris un peu à mon tour, avant de répliquer:

You need hundred, I need five.

Moments intéressants, bonjour.

Kaoru réorienta notre discussions sur notre voyage dans le temps, et me demanda comment je comptais faire exactement. Je lui répondis:

You need hundred, I need five.

Travelling through time.

Kaoru me donna son feu vert. Je réglai mon appareil, et lançai le voyage, si on pouvait appeler cela comme ça. Instinctivement, nos yeux se fermèrent. Quand nous les rouvrîmes, nous étions dans la rue. Nous respirions un air différent, peut-être plus pur. La rue était déserte. Il y avait quelques bâtiments délabrés par-ci par-là, c'était courant de voir cela chez moi. Je réglai une nouvelle fois mon appareil sur la date et le passai à Kaoru.

You need hundred, I need five.

Memories of suffering.

Kaoru nous projeta donc dans le passé. Il avait réussi, tout ce qui était autour de nous avait changé. Je reconnaissais où nous étions. Je nous avais emmenés à deux pâtés de maisons de chez moi. J'emmenai le double maléfique de Yukionna où j'habitais et nous pénétrâmes à l'intérieur. Instinctivement, je regardai l'horloge ronde accrochée au-dessus du petit bar de la cuisine. J'avais bien calculé mon coup. Avachi sur le bar, le corps de mon père tenait avec une joie déprimante une bouteille de whisky. Je lançai un regard à Kaoru pour lui indiquer qu'il avait réussi. Je compris vite que nous étions invisibles aux yeux du reste du monde, ce qui m'arrangeait bien.

En face de nous, un escalier en bois que je connaissais trop bien. Au bout de quelques secondes, des bruits de pas sur les marches qui grincèrent se firent entendre. Quelques secondes plus tard, une silhouette étrangement familière nous apparut.

Elle portait ces mêmes cheveux roux longs, lui arrivant jusqu'au bas du dos, qu'elle n'avait pas encore coupés à l'époque. Elle était plus petite, mais avait toujours la même stature que la Llywen actuelle. Ses yeux déjà impressionnants semblaient à présent inhumains tellement qu'ils étaient à la fois magnifiques et mystérieux, avec son iris presque absent tellement qu'il est petit. Cependant, des cernes bien trop visibles encadraient ses organes oculaires qu'on en venait à remarquer la maigreur de son corps. On se demandait même comment elle pouvait tenir.

Mon père vit Llywen arriver; il se redressa presque immédiatement alors qu'elle paraissait dans la pièce, et lui jeta un regard noir, avant de lui balancer:

Llywen laissa échapper un soupir de sa bouche, avant qu'elle ne formule ces mots:






Un nouveau soupir s'échappa de la bouche de l'accusée. Je savais très bien que cela ne servait à rien de lui parler, il ne changerait point d'avis.








Après avoir hurlé ces mots, mon père saisit sa bouteille de whisky qu'il envoya dans la face de sa fille. Cependant, elle l'évita avec une simplicité inouïe. Son but était atteint. Elle avait réussi à lui faire lâcher sa bouteille.

Ne se préoccupant de rien et en évitant les éclats de verre qui jonchaient à présent le sol, Llywen se dirigea vers le réfrigérateur, et saisit une bouteille de limonade, qu'elle but d'un trait. Elle s'empara ensuite d'un sandwich et le mangea rapidement, avant de gravir à nouveau les escaliers qui menaient à sa chambre. A la mienne, aussi. A notre chambre.

Je jetai un nouveau regard en direction de Kaoru. Ce qu'il s'était passé maintenant n'était rien du tout. Le meilleur -ou le pire, surtout le pire en fait- allait se passer maintenant. Nous suivîmes donc le Moi du passé et débarquâmes dans ma chambre. Notre chambre. Raaah.

La chambre était jonchée de fils, de tuyaux réfrigérants de toutes les couleurs, tout cela en ajoutant le fait que tout était branché à un ordinateur fixe aussi puissant qu'un cerveau humain, que j'avais pris le soin de construire moi-même. J'en étais fière, de mon joujou.

Llywen s'affaissa sur son fauteuil devant son ordinateur. Tout de suite, la posture assurante de tout à l'heure disparut soudainement de son corps, pour ne laisser qu'un cadavre ambulant qui n'arrivait pas à se porter soi-même. Son corps était faible, elle en était consciente. La rousse enroula ses longs cheveux entre une maigre pince et posa sa tête entre ses mains. Des gouttes de sueurs commencèrent à perler sur son front, avant de couler le long de son visage. Son souffle s’accéléra et devint de plus en plus saccadé. Ses bras plièrent petit à petit sous l'effet de la faiblesse de ce corps de et de la force de ce cerveau. Ses yeux floutés se plissèrent dangereusement, ses mains cherchèrent sa tête, et firent en vain de massages de crâne. Ses dents mordirent bêtement ses lèvres, jusqu'au sang qui apparut quelques secondes plus tard. Elle souffrait, cela se voyait. En silence.

D'un coup, son corps se leva pour l'emmener vers les toilettes, juste à côté. Llywen se tenait vaguement au mur, et à chaque pas, sa respiration s'affolait un peu plus. Arrivée à destination, elle s'affaissa au niveau du bac avant de vomir tout ce qu'elle venait d'engloutir quelques minutes auparavant, le tout mélangé avec ce liquide rouge qu'elle connaissait que trop bien.

Revoir cela de mes yeux actuels me faisait faire quelque chose. Je me sentais mal pour elle, ce moi qui jouait l'assurance devant ses proches alors que derrière sa vie n'était qu'un long calvaire. Je fis un signe à Koaru de quitter l'endroit, et, une fois revenus au présent de mon univers, je lui demandai:

You need hundred, I need five.

Travelling through time.

Kaoru était plutôt surpris, je présume. Je finis par lui répondre:

You need hundred, I need five.